lundi 21 janvier 2008

Un an plus tard...

Il y a un an, Hrant Dink, un journaliste arménien était abattu de six balles tirées dans le dos par un jeune nationaliste turc en plein coeur d'İstanbul. Aujourd'hui, le bilan que l'on peut tirer de cette affaire, malgré son retentissement international, est peu glorieux. La manière dont la justice turque a traité le dossier se passe de tout commentaire (voir l'article consacré d'Info-Türk).

Ce journaliste avait une certaine portée médiatique parce qu'il parlait ouvertement du génocide arménien dans un pays où le sujet est complètement tabou et où le terme de "génocide" est farouchement combattu par un kyrielle d'associations et d'instances nationalistes. C'est pourquoi l'assassinat dont il a été victime a amplifié l'information d'une réalité connue, sans doute, mais peu évoquée habituellement. Il s'agit bien sûr du poids énorme de l'extrême-droite dans le jeu politique turc et des liens étroits qui l'unissent à certaines franges du pouvoir, notamment l'armée et la police.

Le nom de Hrant Dink est dans toutes les têtes mais personne ne sait rien de Metin Kurt, par exemple, un jeune étudiant d'Antakya tué à coups de couteau moins d'un mois plus tard par des nationalistes qui sévissaient dans la région depuis quelques temps déjà.
Personne n'a entendu parler d'Erkan Bayar, gérant d'un cybercafé dans le quartier de Gazi à İstanbul, assassiné par une bande d'extrême-droite alors que, en octobre dernier, la Turquie était secouée par une vague de pogroms. Et de tels exemples macabres se succèdent ainsi jusqu'à aujourd'hui...

Manifestation du collectif 1971 pour Hrant Dink
Bruxelles - consulat de Turquie, 23 janvier 2007

En l'espace d'un an, le constat est celui-là : Hrant Dink n'a pas été l'électrochoc rêvé par certains. La preuve en est que de multiples assassinats à caractère nationaliste ont continué à être perpétrés, non seulement sans émouvoir quiconque, mais en outre encouragés par un climat de violence dont les médias turcs ont été eux-mêmes les meilleurs relais.
L'espace d'un instant, à l'instar des autres scandales qui ponctuent régulièrement la Turquie, tout le monde a pu voir la bête immonde sous son vrai jour. Ensuite, la fange de la réalité a été à nouveau recouverte par les habits de la "démocratie", et on a feint de croire à l'apparence donnée.

Si à chaque fois que quelqu'un était assassiné en raison de ses opinions, de sa culture ou de sa religion, une indignation similaire pouvait se manifester, on pourrait parler de "leçon tirée" mais à la lueur d'une observation assidue de ce qui se passe en Turquie, pour l'heure, c'est très loin d'être le cas.

1/2KL

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