lundi 14 janvier 2008

Doğacak Güneş Gibi

On aurait tort de penser que “le mouvement des grèves de la faim” a commencé avec l'introduction systématique de l'isolement carcéral même si aujourd'hui c'est cela que l'expression désigne par effet de focalisation. Les premières grèves de la faim (au finish) de Turquie datent du début des années 80 pour protester contre l'incarcération politique largement pratiquée par les militaires. L'exemple est venu de Bobby Sands en Irlande du Nord et de ses compagnons, morts devant l'intransigeance de Margaret Thatcher. Ce n'est donc pas une “invention” turque.

En 1984, un de ces tout premiers groupes de grévistes succombe. Quelques années plus tard, en 1988, GrupYorum leur consacre une chanson sur l'album “Berivan”.

Le 14 juin dont il est question fait référence au jour de la mort du premier d'entre eux, Abdullah Meral. Ses compagnons, Haydar Başbağ, Fatih Öktülmüş et Hasan Telci sont morts quelques jours plus tard. Il existe une seconde version de cette chanson où leurs quatre prénoms sont cités. Tous étaient des sympathisants du Devrimci Sol (Gauche Révolutionnaire), le principal mouvement d'opposition à l'époque contre la junte.

Les "ténèbres" font allusion à la philosophie française des Lumières, très prisée en Turquie, puisqu'elles désignent sans erreur possible la junte militaire, l'ordre fasciste mis sur pied après le coup d'État et l'autoritarisme ambiant. La montagne est bien entendu le lieu privilégié du maquis pour les mouvements d'opposition. Elle est abondamment louée et chantée dans la musique contestataire comme le foyer par excellence de la résistance.




Comme le soleil qui va se lever

Comme le soleil qui va se lever
Sur la destinée noire du peuple
Comme le soleil qui va se lever
Au milieu des ténèbres, notre voix
Les poings ondulent dans le ciel
Avec nos morts qui sourient

(hey, hey, hey, hey)

Cette voix, c'est notre voix
Ceux qui pleurent et qui crient, c'est nous
Ceux qui rient aux éclats, c'est nous
Dans toutes les luttes, ceux qui meurent c'est nous

Et le 14 juin, c'est eux
Les cellules se consumeront
Comme des oeillets ardents
Ils ont déployé le drapeau dans leur main

Celui qui avance, c'est celui qui toujours avance
Il sonne notre voix à travers les temps
Il rejoint la montagne
Celui qui avance, c'est celui qui toujours avance

GrupYorum - Doğacak Güneş Gibi
Albüm : Berivan
[traduction indicative]

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