Avec ce titre, tout compte fait, j'exagère à peine le climat de paranoïa antiterroriste que nous traversons. Le premier jour du week-end, par exemple, la police a procédé à "un contrôle de routine" en relevant les plaques d'immatriculation des participants : mise en situation garantie...
Ça reste pourtant assez anecdotique par rapport aux manoeuvres précédentes : présence policière proche à certaines de nos réunions, photographies et fichage des membres du Clea lors de certaines manifestations, présence de membres de la Sûreté de l'État lors de nos conférences de presse, etc..., etc... et est-ce vraiment bien tout ? On se le demande.
Mais qui peut donc bien orchestrer tout ça ?
Un petit indice peut-être : au lendemain de la Cassation du procès du DHKP/C, dans le journal de la RTBF - édition de 13h du 28 avril dernier, un certain procureur Delmulle utilisait la chaîne pour diffuser l'information selon laquelle la Belgique serait "une base arrière de camps d'entraînement terroristes". Sans plus de précision et en abusant du conditionnel, ingrédients élémentaires à l'instauration de tout climat de peur et de paranoïa.
En guise d'illustration, néanmoins, la RTBF diffusait une photo prise à l'occasion d'un camp de vacances familial annuel organisé par des familles de la diaspora turque non-nationaliste et plutôt à gauche (et, il va de soi, sans qu'aucune autorisation de la diffuser lui ait été donnée de la part des familles concernées, hum, hum). Faut-il chercher plus loin ?
Mise à part cela, notre week-end s'est parfaitement bien déroulé. Chaque portion de temps à pu être exploitée comme il se devait pour l'étude et la réflexion nécessaires sur les législations antiterroristes et leur application.
Parfois ce fut un tantinet rébarbatif... C'est que la lecture d'un extrait du moniteur belge, il faut bien le comprendre, ce n'est pas Harry Potter.
Morceau choisi :
ALBERT II, Roi des Belges,
A tous, présents et à venir, Salut.
(NDLR : ça c'était le meilleur passage, après ça se gâte)
A tous, présents et à venir, Salut.
(NDLR : ça c'était le meilleur passage, après ça se gâte)
"§2. [constitue, ... , une infraction terroriste ;]
4° la destruction ou la dégradation massives visées aux articles 521, alinéas 1er et 3, 522, 523, 525, 526, 550bis, §3, 3°, à l'article 15 de la loi du 5 juin 1928 portant révision du Code disciplinaire et pénal pour la marine marchande et la pêche maritime, ainsi qu'à l'article 114, §4, de la loi du 21 mars 1991 portant réforme de certaines entreprises publiques économiques, ayant pour effet de mettre en danger des vies humaines ou de produire des pertes économiques considérables;"
Voilà, tout ça un samedi matin en plein Shabbat et après avoir dormi dans un concert de ronflements. Si ce n'est pas faire don de soi pour la cause...
Par chance, un juriste confirmé en la personne de Jean-Marie Dermagne, avocat à la Ligue des Droits de l'Homme, est venu répondre aux nombreuses demandes d'éclaircissements et autres questions techniques de notre assemblée estivale.
Bien évidemment, c'est surtout l'article 137 §1er et ses interprétations possibles qui ont retenu notre attention mais d'autres aspects liés ont également été abordés : la violation du principe de légalité de la loi, soit son caractère flou dans la détermination de la peine ; la violation du principe d'une infraction/une peine puisque le qualificatif "terroriste" suffit à amplifier la contrepartie pénale d'une même infraction ; les possibilités d'atteinte contre le mouvement social et militant ; etc...
A l'instar de Jean Bricmont qui était venu discuter la veille sur le thème plus général de la liberté d'expression dans l'actualité récente, il s'est donc agi plus d'un séminaire que d'un cours ex cathedra.
Bien évidemment, c'est surtout l'article 137 §1er et ses interprétations possibles qui ont retenu notre attention mais d'autres aspects liés ont également été abordés : la violation du principe de légalité de la loi, soit son caractère flou dans la détermination de la peine ; la violation du principe d'une infraction/une peine puisque le qualificatif "terroriste" suffit à amplifier la contrepartie pénale d'une même infraction ; les possibilités d'atteinte contre le mouvement social et militant ; etc...
A l'instar de Jean Bricmont qui était venu discuter la veille sur le thème plus général de la liberté d'expression dans l'actualité récente, il s'est donc agi plus d'un séminaire que d'un cours ex cathedra.
La dernière soirée a été consacrée à une autre projection en comité restreint du film "Résister n'est pas un crime" de Marie-France Collard, Foued Bellali et Jérôme Laffont qui se sont remangé mille et une critiques, préférences personnelles et avis contradictoires, bref, toutes ces choses qui feraient renoncer à n'importe qui d'embrasser une carrière cinématographique.
Un exercice guère aisé mais néanmoins nécessaire pour assurer la bonne compréhension d'un film dont le thème demeure dense et complexe. Et y parvenir, croyez-moi, ça en fait du boulot.
Un exercice guère aisé mais néanmoins nécessaire pour assurer la bonne compréhension d'un film dont le thème demeure dense et complexe. Et y parvenir, croyez-moi, ça en fait du boulot.
Le week-end s'est achevé en passant en revue globalement la situation dans divers pays européens car la Belgique n'est bien sûr pas le seul pays concerné par l'évolution des lois liberticides. Non effectivement, le Clea n'aura pas chômé durant ces trois journées (du vendredi 17 au dimanche 19 août).
En conclusion, un week-end parfaitement bien rôdé et réglé comme du papier à musique grâce aux efforts persévérants de Nadine Rosa-Rosso et de Luk Vervaert. Trois jours salutaires en soi comme première réunion d'envergure avant la dernière ligne droite vers le nouveau procès qui débutera le 27 septembre prochain...
1/2KL
1 commentaires:
Nice Blog :)
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