samedi 11 août 2007

Nos amis les journalistes turcs

Nous n'allons pas quitter le sujet du documentaire de Marie-France Collard, Jérôme Laffont et Foued Bellali. Que disions-nous déjà ? "Indépendant", "non partisan" ?

En fouinant un petit peu sur le net, j'ai trouvé un article de la presse turque qui relatait la projection en avant-première du film dont il était question. Défenseurs de l'indépendance et de l'information non partisane, attachez vos ceintures !

Celui qui n'a jamais lu un article turc dans sa vie saura probablement mal ce qu'est une presse nationaliste acquise à un régime répressif, où les méthodes critiques sont passées à la trappe avec légèreté. Et je ne pense pas exagérer...


Fikret Aydemir, un journaliste turc vivant en Belgique parvient à cumuler tous les critères qu'un article du genre peut receler :
- informations non vérifiées
- déformation des faits
- mensonges
- brainwashing


Bien sûr, il existe aussi des journalistes turcs pertinents et professionnels, heureusement, mais il faut quand même admettre que ce sont de petites perles isolées.

F. Aydemir qui n'en fait pas partie nous pond un bel échantillon de ce que produit régulièrement une presse habituée à réciter les mantras sécuritaires du pouvoir.

Voici la traduction de l'article du journal turc Sabah [Le Matin] datant du 30 juin dernier :

Ils en ont fait leur documentaire !

Des associations des Droits de l’Homme ont produit un film documentaire pour Bahar Kimyongür, porte-parole de l’organisation terroriste DHKP-C et jugé avec Fehriye Erdal. Dans le film, le membre de l’organisation terroriste est présenté comme un combattant de la liberté…

Parmi les associations notables des Droits de l’Homme, le “Comité pour la Liberté d’Expression” a réalisé un documentaire qui dit de Bahar Kimyongür, porte-parole de l'organisation terroriste, qu’il est un héros en prenant comme excuse la liberté d’expression. Dans le documentaire titré “Résister n’est pas un crime”, Kimyongür est présenté comme un combattant de la liberté.

On l’a montré au cinéma

Dans le documentaire soutenu par le centre associatif citoyen Bruxelles Laïque, considéré comme un établissement non-officiel du Parti Socialiste, le cinéma Nova et la maison de production Vox, on y critique la loi antiterroriste que l’Etat belge a enteriné en décembre 2003 suite aux attentats du 11 septembre visant les Etats-unis. Le Comité pour la Liberté d’Expression de Belgique met l’accent sur le fait que la loi antiterroriste en question est une entrave aux libertés d’opinion et d’expression. Les responsables que nous avons rencontrés chez Bruxelles Laïque ont déclaré qu’ils soutenaient le documentaire “Résister n’est pas un crime” dans le cadre de projections cinématographiques mensuelles.

Une considérable réaction

Le fait que l’on ait réalisé un documentaire au sujet d’un militant du DHKP-C que l’Union européenne et la Belgique ont admis être une organisation terroriste a aussi engendré de la colère parmi la communauté turque vivant en Belgique. Kimyongür a été jugé avec Fehriye Erdal que la Turquie accuse d’être mêlée à l’assassinat de Sabancı. Suite à la décision d’emprisonner Erdal, il a aussi apporté son soutien pour faire perdre sa trace lorsqu'elle a fui.


Information non vérifiée :


Le plus gros quand même c'est l'aide de Bahar Kimyongür à la fuite d'Erdal. La presse flamande - et Fikret Aydemir est néerlandophone (!) - a publié les détails de sa fuite dans une interview accordée à Musa Aşoğlu après l'arrêt de la Cour de cassation du 19 avril dernier. Ce genre d'énormité n'aurait pas pu être écrit s'il en avait tenu compte, ...à moins qu'il ne s'agisse que d'une confusion volontaire.

Pêle-mêle, mensonge et déformation :

Les membres de Bruxelles Laïque et plus généralement les adhérents au Mouvement Laïque seront ravis d'apprendre qu'ils ne sont en fait que les potiches du PS... :-)

Quant à la colère de "la" communauté turque, elle sort tout simplement de l'imagination du journaleux. "La" communauté turque indignée - comprendre son extrême-droite nationaliste - n'a montré tout simplement aucun signe d'indignation nulle part. Il aurait déjà fallu qu'elle soit informée de la projection et vu la relative discretion de la chose...

Lavage de cerveau :

Ça, c'est le chocolat pour la fin : quatre fois l'expression "organisation terroriste" sur une article de trois petits paragraphes, c'est pas mal même si ce n'est pas le record. Par gentillesse, je ne compte pas les deux "terroriste" dans "loi antiterroriste".
Ce n'est malheureusement pas un cas particulier mais un fait général dans la presse turque où de nombreux militants sont d'ailleurs déclarés "terroristes" bien avant leur procès, même s'il s'agit généralement de procès bidons.

Un jour, je vous parlerai de Zeynep Özgür dont on en vient à se demander si c'est véritablemet une journaliste turque ou même une journaliste tout court.

1/2KL

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