mercredi 4 mars 2009

Trafiquant de drogue en Belgique, apprenti führer en Turquie

Itinéraire d’un truand terroriste qui confond campagne électorale et campagne militaire


Photo : Mikail Göleli, lors d'un meeting électoral polémique à Kars le 2 mars 2009


Dans les années 70, Mikail Göleli a fait partie des commandos de Loups Gris. Les milieux de gauche, victimes de sa terreur lui attribuent la mort de 4 militants à Ankara. Après le coup d’Etat de 1980, il s’installe en Belgique comme nombre de fascistes. C’était l’époque où la junte militaire du général Evren lâchait les Loups Gris sur l’Europe moyennant quelques faveurs, notamment l’élimination d’opposants politiques, arméniens, kurdes ou socialistes. En quelques années, les Loups Gris parviennent à conquérir le marché de la drogue en provenance de la Turquie. En Belgique, muni d’un passeport diplomatique délivré par la junte militaire, Mikail Göleli se taille, très vite, une réputation de grand truand.[1]

Le 4 avril 1987, Mikail Göleli tire et blesse deux maffieux dans un règlement de compte à Bruxelles.

Le 25 mars 1992, il est arrêté dans une discothèque bruxelloise avec de la drogue en grande quantité[2].

Dans la nuit du vendredi 22 mai au samedi 23 mai 1992, la police, au courant qu’une embuscade lui avait été tendue à Molenbeek par un commando de la maffia turque, tire sur les assaillants et abat l’un des maffieux[3]. Le fait que la police ait attendu le moment fatidique pour intervenir laisse penser que Göleli était un indicateur. Voulant faire d’une pierre deux coups, la police tenta de politiser ce règlement de compte manqué en le faisant passer pour une tentative de représailles menée par des « terroristes d’extrême-gauche » et ce, alors que la victime était elle aussi issue de la maffia fasciste.

En 1995, recherché pour trafic de drogue par la Belgique, il fuit en Turquie où il se présente la même année aux élections législatives en tant que parlementaire du Parti d’action nationaliste (MHP, le parti des Loups Gris) pour la ville d’Igdir.

Il obtient le plus grand nombre de voix dans la ville mais comme le MHP ne parvient pas à franchir le barrage national, son élection au Parlement lui échappe de peu.

Le 2 mars dernier, Mikail Göleli qui se targue d’être un grand ami d’Abdullah Catli, le maffieux mort dans l’accident de Susurluk en novembre 1996, s’est rendu dans sa ville natale pour soutenir Ali Ekber Yesil, le candidat MHP pour les prochaines élections municipales. Dès son apparition en public dans la province voisine de Kars, près d’un millier de personnes l’ont acclamé aux cris de « Mikail, Loup Gris », « Mikail, la légende ».

Alors qu’il s’agit d’une simple campagne électorale, le Loup Gris a exhorté ses sympathisants à se « comporter comme des soldats ».

Tenant le micro de la main droite, il leur fit signe de la main gauche de se baisser puis se relever à trois reprises. Comme à l’armée.

La foule fanatisée qui exécutait ses ordres lui répondit comme un seul homme : « Nous sommes tous les soldats d’Alparslan Türkes » (le défunt colonel fondateur du mouvement des Loup Gris).

Stupéfiant est sans doute l’épithète qui colle le mieux à ce dangereux bouffon mais accordons-lui tout de même le mérite de nous rappeler que l’état-major turc, la maffia turque et l’extrême-droite turque, c’est un peu la même chose…

Pour visionner le discours militariste de Göleli, veuillez cliquer sur le lien:

http://www.youtube.com/watch?v=z1seQC2MrPc

Bahar Kimyongür
Le 4 mars 2009
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[1] Halil Nebiler, Mafyanin Ekonomi Politigi, Ed. Sarmal, 1995
[2] Radikal, 11 juillet 2001
[3] Le Soir, 24 avril 1993

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