mercredi 4 mars 2009

Tentative de suicide en prison de type F

Süleyman Erol, 38 ans était un militant pétillant de vie. Dans les années 90, il fut un guérillero du DHKP-C dans le maquis égéen de Gölgeli (Denizli), juqu'à ce que des chasseurs le repèrent et le dénoncent lui et ses camarades.
Le 30 novembre 1998, l’armée gouvernementale appelée sur les lieux, lance une campagne de ratissage au cours de laquelle deux guérilleros sont tués à proximité du village de Balkica dans le district de Tavas. En tout, 22 révolutionnaires seront capturés et comparaîtront devant la Cour de sûreté de l’Etat d’Izmir. Le 31 mai 2000, Süleyman est condamné à mort avec 5 autres inculpés pour tentative de renversement de l’ordre constitutionnel, en vertu de l’article 146/1 du Code pénal turc.
Suite à l’abolition de la peine de mort, sa peine est commuée en « prison à perpétuité alourdie ». Il sera soumis à un régime d’isolement renforcé dès l’inauguration sanglante des prisons de type F (décembre 2000).
Le 23 février 2009, Süleyman Erol s’est taillé les veines après 8 ans de mise en isolement à la prison de type F n° 1 de Kiriklar à Izmir.
Le 1er mars dernier, l’association d’entraide avec les familles de détenus TAYAD a publié un communiqué relatif à sa tentative de suicide et qui appelle les autorités à respecter leurs engagements sur le droit de conversation entre détenus.



La torture de l’isolement continue de sévir
Süleyman Erol, incarcéré à la prison de type F n°1 de Kiriklar à Izmir s’est taillé les veines.





Depuis leur ouverture, nous ne cessons de clamer haut et fort que les prisons de type F sont des lieux d’avilissement et de déshumanisation.
Bien des associations solidaires des détenus dont la nôtre, dénoncent ces établissements depuis leur mise en chantier.
Estimant sans doute que l’isolement architectural est insuffisant, le pouvoir politique a tenté d’accentuer le confinement moral des détenus en leur interdisant les parloirs, l’accès aux journaux et le courrier.
A présent, il cherche à serrer l’étau en s’appuyant sur le statut de « perpétuité alourdie » prévue par la « Loi d’application des mesures pénales et de sécurité ».
Les détenus faisant partie de cette catégorie sont condamnés à rester occuper une cellule individuelle pour le restant de leur vie. Ils ont droit à une seule heure de sortie dans une petite cour individuelle. Les droits dont disposent les autres détenus ne valent pas pour eux. Par exemple, les autres détenus peuvent recevoir une visite de famille par semaine, pour eux, c’est toutes les deux semaines. Ces détenus n’ont pas droit à des visites d’amis contrairement aux autres détenus.
Süleyman Erol était de ces « perpètes alourdies »
Pourtant, dans son cas, la direction pénitentiaire a durci son régime carcéral sans tenir compte de la décision de justice qui le concerne. En effet, la Cour de cassation a anéanti sa condamnation à perpétuité alourdie et l’a converti en « réclusion à perpétuité ».
La direction pénitentiaire a prétexté que cette requalification de la condamnation n’avait pas été confirmée par la Cour de cassation et a agi comme si de rien n’était.
Un tel régime carcéral a eu indéniablement un impact sur sa santé.
Le 23 février 2009 à 2h du matin, il s’est tailladé les poignets.
Transporté à l’hôpital, il a pu être soigné. En ce moment, il se trouve à nouveau dans une cellule individuelle. Etant inapte à assumer ses besoins les plus élémentaires, c’est un détenu occupant la cellule voisine qui se charge de lui durant l’heure de préau.
On est en droit de s’interroger sur les raisons qui ont poussé un homme comme Süleyman Erol à se tailler les veines ? Qui en est le véritable responsable ? Le directeur qui impose un régime de « perpète alourdie » à Süleyman ? Le procureur de la prison ? Le médecin qui garde le silence malgré le fait qu’il soit au courant de l’état de santé de Süleyman ? Qui est le responsable ? Ou bien Süleyman va-t-il faire les frais d’un scénario où les autorités feront des excuses solennelles une fois qu’il sera trop tard ? Tant que le régime d’isolement se poursuivra, il y aura des cas similaires à celui de Süleyman. La seule solution réside dans la levée de l’isolement et l’application du droit de conversation prévu par la circulaire 45/1 du 22 janvier 2007

Les familles de TAYAD

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