mardi 1 avril 2008

Le bilan

La vice présidente générale du DTP Emine Ayna (photo) a commenté récemment les évènements qui ont eu lieu dans les régions kurdes pour les festivités du Newroz [Radikal]. Le bilan répressif communiqué est asser lourd : deux morts et un grand nombre de blessés, 2000 personnes placées en garde à vue et 402 personnes emprisonnées. Il n'a rien de volontairement exagéré dans la mesure où les chiffres correspondent globalement aux informations relatées par la presse turque et qu'ils sont tout à fait réalistes par rapport à l'importance de la fête et aux rafles qui y ont été menées.

L'inconnue demeure toutefois le nombre de personnes torturées et battues par les forces de l'ordre, ce qui n'a pas du manquer de se passer comme le suggèrent les nombreuses vidéos qui ont pu filtrer malgré tout et qui ont été largement diffusées. On peut supposer qu'un grand nombre des personnes placées en garde à vue et emprisonnées l'ont été.

Emine Ayna note qu'une conception unitaire, fascisante et raciste sous-jacente à l'intolérance que subissent les Kurdes a été dévoilée ouvertement au cours des derniers évènements. Elle a demandé au nom de son parti la démission des gouverneurs et directeurs des services de l'ordre des provinces de Van et Hakkari. Il va de soi que les chances de l'obtenir sont nulles. Elle cite le premier ministre comme le principal responsable. Le DTP a aussi décidé d'envoyer une copie des images des violences en anglais et en turc aux ambassades des pays européens, que l'on devine très peu au fait de cette actualité.
Pour sa part, l'AKP, à travers le premier ministre Recep Tayyip Erdoğan, renvoie la balle au DTP en leur reprochant de préparer le terrain au vandalisme et de transformer la fête du Newroz en un jour de combat (sic!).

S'il est indéniable que l'AKP a une responsabilité morale, leur faute consiste plutôt à n'avoir rien fait pour empêcher ces violences car jusqu'à preuve du contraire un gouvernement est responsable des forces de police de l'État. En Turquie, cela reste quand même très relatif. Il est clair que la conception unitaire, fascisante et raciste est avant tout l'oeuvre du kémalisme originel, aujourd'hui porté à bout de bras par ses héritiers les plus directs : CHP et MHP en tête et bien sur par l'establishment. L'AKP ne rompt certes pas avec le nationalisme d'État - déjà parce qu'il risquerait gros s'il le faisait - mais n'en est pas l'apôtre principal.

Ces querelles éclairent davantage les frictions entre les deux principales formations politiques de la région qui se résument à l'AKP et au DTP mais échouent à amorcer une critique systématique du nationalisme d'État et du kémalisme. Ce qui est bien dommage...

1/2KL

0 commentaires: