samedi 22 septembre 2007

La réalité turque au Parlement italien

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le député Francesco Saverio Caruso (Rifondazione Comunista, dans l'actuelle coalition gouvernementale) n'a pas la plume dans sa poche. Jeudi dernier, dans une question parlementaire écrite adressée au ministre italien de la Justice, il est revenu sur le cas d'Avni Er et de Zeynep Kılıç arrêtés et emprisonnés depuis plus de 2 ans en Italie sur base des nouvelles lois antiterroristes et sans qu'aucun fait criminel concret ne puisse leur être reproché (pléonasme ?).

Ce fut l'occasion de revenir sur la situation peu glorieuse des Droits de l'Homme en Turquie et sur la pratique très courante et sous-médiatisée de la torture dans ce pays.

L'attention a surtout été attirée sur le risque d'extradition pour Avni ou d'expulsion dans le cas de Zeynep :

[...]

La crainte pour Avni Er et Zeynep Kılıç est qu’à leur arrivée en Turquie, ils soient immédiatement incarcérés et torturés. Avni Er et Zeynep Kılıç ne peuvent pas être remis à la Turquie, pays dans lequel ils risquent leur vie ;


Selon les indications d’Amnesty International et de toutes les organisations internationales des Droits de l’Homme, encore aujourd’hui, dans les prisons turques, la torture et le viol sont pratiqués systématiquement : durant la période de détention sans qu’il y ait aucun contact avec l’extérieur, police et gendarmerie pratiquent à l’égard des détenus tout type de violence, y compris les électrochocs sur les parties génitales et sur les seins ;


En effet, le processus de démocratisation de l’État turc continue officiellement, bien que, dans la réalité, les Droits de l’Homme et les règles élémentaires de démocratie soient violés systématiquement ;


[...]

Le jeune député italien décrit quelques cas symptomatiques et écoeurants, l'impunité qui règne en maîtresse à l'égard des militaires et des gendarmes, le climat de peur, la réticence des procureurs à poursuivre des membres des services de sécurité.

Dans sa question écrite relativement bien étayée et longue, il revient aussi sur l'isolement carcéral avec une rare pertinence par rapport ce qui a pu exister jusqu'à maintenant dans les interventions de ce genre. Son ton tranche clairement avec la paranoïa relayée dans la plupart des médias italiens.

Est-il opportun de livrer deux exilés turcs à la lie de l'humanité exerçant dans ce pays et qu'ils dénoncaient quelques temps auparavant, indépendamment des normes les plus élémentaires du droit international ? C'est la très bonne question que pose Caruso.

Toutefois, la grosse inconnue reste la réaction politique de Clemente Mastella, le ministre de la Justice. Complice ou pas complice ?

La traduction entière de l'interrogation parlementaire de Caruso et le site de soutien à Avni et Zeynep.

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