mardi 7 avril 2009

Liberté pour Ilker et Sefik

Le Comité français des libertés vient de publier un appel à la solidarité avec les détenus politiques d'origine turque Ilker ALCAN et Sefik SARIKAYA. Tous deux paient chèrement le prix de leur engagement en faveur d'une Turquie indépendante, démocratique et socialiste. Ilker ALCAN est un journaliste issu de la prestigieuse université de Galatasaray. Il passa de nombreuses années dans les prisons turques et survécut aux plus atroces tortures. Sa soeur Nilufer Alcan elle, périt avec 5 autres prisonnières dans les flammes boutées à leur dortoir de la prison de Bayrampasa par les militaires, durant l'assaut sanglant du 19 décembre 2000, une opération destinée à déporter les détenus politiques vers les prisons cellulaires de type F. Militant politique infatigable aux origines turques et arméniennes, Sefik Sarikaya est connu et respecté dans l'émigration anatolienne pour sa générosité et son humilité. Il a passé près de dix ans dans les prisons françaises pour son appartenance au DHKP-C dans une précédente affaire politico-judiciaire.

N'hésitons pas à leur écrire.

Ilker ALCAN
N° 367 643 D4
Maison d'Arrêt de Fleury-Merogis
7, Avenue des Peupliers
91705 SAINTE GENEVIEVE DES BOIS / PARIS




Sefik SARIKAYA
N° 289706 Cellule 1/107
Maison d'Arrêt de la Santé
42, Rue de la Santé
75014 PARIS - France



Ilker ALCAN et Sefik SARIKAYA
Jugés en France pour leur opposition au régime fasciste d’Ankara

Le 9 juin et le 20 octobre 2008 à 6h du matin, les commandos de la SDAT (Sous-direction anti-terroriste) firent irruption dans plusieurs domiciles ainsi que dans les locaux de l’Association anatolienne de culture et de solidarité de Paris. Cette intervention policière fut d’une rare violence : portes brisées, appartements saccagés, femmes et enfants plaqués au sol, armes pointées sur les tempes… Au total, 13 personnes ont été mises en garde à vue et en examen. Cible de cette opération: une association culturelle ordinaire ainsi que ses adhérents, qui défendent depuis des années les droits des travailleurs immigrés originaires de Turquie et qui s’opposent au régime fasciste d’Ankara. Tous sont accusés d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.
Mais les véritables chefs d’inculpation sont la tenue de manifestations, de conférences de presse parfaitement légales bénéficiant de l’accord de la préfecture et la vente de l’hebdomadaire Yürüyüs (La Marche), une publication de gauche imprimée et distribuée légalement, même en Turquie.

D’après le juge d’instruction : « les actions qu’ils mènent sont légales, mais servent à soutenir des réseaux clandestins hostiles au régime en Turquie. Par conséquent, leurs actions doivent être considérées comme terroristes et poursuivies en vertu des lois anti-terroristes. »

En réalité, nos camarades sont en prison pour leur opposition au régime fasciste d’Ankara, pour avoir défendu les libertés d’expression et d’association, pour avoir lutté contre des lois et des mesures antidémocratiques, pour avoir soutenu les travailleurs licenciés, les droits des étudiants, en somme, pour avoir défendu les sans-droits, les opprimés et les exploités.
Malgré l’absence de preuves, malgré le fait que les perquisitions n’aient révélé aucune activité illégale, Ilker Alcan et Sefik Sarikaya sont détenus depuis le 9 juin 2008.
Treize autres personnes ont été placées sous contrôle judiciaire avec l’interdiction de quitter le département où ils résident, de rencontrer leurs co-inculpés, de se rendre dans des associations fréquentées par des gens originaires de Turquie, de lire des revues de gauche imprimées en Turquie, mêmes légales.
Depuis 2006, on observe une augmentation sensible des poursuites judiciaires, des opérations de filature et des gardes a vue en France.
Il y a actuellement près de 1.200 prisonniers politiques dans les prisons françaises, et ce nombre s’accroît constamment.
Pourtant, ce qui se fait au nom de la guerre contre le terrorisme, n’a rien à voir avec l’objectif déclaré. Il s’agit en réalité d’une guerre contre des droits et des libertés fondamentales acquises au prix de grands sacrifices.

L’ANTIFASCISME, UN ENGAGEMENT LÉGITIME

Si les militants poursuivis ont fait le choix de lutter, ce n’est pas par plaisir mais par sens du devoir et par humanisme. La répression ne les empêchera pas de poursuivre un combat qu’ils considèrent comme légitime.
La France entretient des rapports politico-économiques privilégiés avec la Turquie .C’est par souci de ménager ces relations que la France répond aux exigences de l’Etat turc.
En réalité, au-delà du sort des 13 antifascistes originaires de Turquie, le procès politique dont il est ici question, a pour enjeu la sauvegarde voire la survie des droits et des libertés fondamentales dans la patrie des droits de l’homme.
Le peuple français qui a remporté de glorieuses luttes contre la tyrannie et contre le nazisme ne mérite sans doute pas un tel affront que celui de voir son pays collaborer avec un Etat fasciste.
D’autant que le juge chargé de l’affaire s’est rendu en Turquie pour recueillir des preuves à l’encontre des inculpés. Ce dernier a été jusqu’à intimider l’imprimeur du quotidien légal « Yürüyüs » à Istanbul !
En Turquie, la lutte pour la démocratie n’a jamais pu être anéantie, malgré les juntes militaires, la torture, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions politiques et les massacres. Et voilà que l’Etat français se met à encourager nos bourreaux dans notre pays d’origine.
Nous pensons que les magistrats qui agissent au nom de la France n’ont pas à jouer ce rôle infâme et à rendre ainsi la population française complice de leurs agissements.
Quoiqu’il advienne de nous, nous continuerons à défendre nos droits, dont les libertés d’expression et d’association, aux côtés du peuple français.

A ceux qui, en France, veulent nous bâillonner, nous demandons :
Est-ce un crime en France que d’être antifasciste ?
Est-ce un crime en France que de dénoncer les crimes de l’Etat fasciste qui sévit en Turquie ?
Nous exigeons de la part des tribunaux français :
- La fin de leur collaboration avec le régime répressif en Turquie au nom des intérêts économiques qui lient les deux pays.
- L’annulation de l’instruction visant nos camarades et leur libération
- La fin des poursuites contre les révolutionnaires anatoliens sur le territoire français
- L’arrêt de l’utilisation de la loi anti-terroriste contre les militants politiques
- La libération de tous les détenus politiques

Résister contre le fascisme n’est pas un crime

Liberté pour Ilker et Sefik


Comité des libertés - France
comitedeslibertes@gmail.com

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