mardi 25 novembre 2008

Enième opération d'intimidation de l'Etat allemand contre des militants turcs

Le communiqué ci-dessous de l'association démocratique visée par la répression policière de l'Etat allemand, nommément la Fédération anatolienne, se passe de tout commentaire.



Que veut l’Etat allemand ?

Que recherchent les procureurs allemands qui s’en prennent à des associations démocratiques ?

Le 5 novembre 2008 à 7h du matin, les portes d’associations situées à Cologne, Dortmund et Duisburg et liées à notre Fédération ainsi que celles de la centrale de notre Fédération ont été éventrées par la police allemande, le matériel détruit, l’argent, les ordinateurs et les appareils photo et autres accessoires saisis.

Au total, trois de nos amis, dont la présidente de notre Fédération, ont été arrêtés et mis en examen. Les perquisitions ont duré plusieurs heures. Même les visiteurs de nos associations n’ont pas été épargnés : ils ont été contrôlés et leur accès à nos locaux, entravé.

Auparavant, nous, membres de la Fédération anatolienne, avons subi de nombreuses agressions illégales de la part de l’Etat allemand. Et malgré tout le tapage qui a entouré ces multiples perquisitions, à ce jour, pas un seul inculpé n’a été puni suite à celles-ci. Cela montre bien le caractère arbitraire de ces rafles.

Depuis sa création, la Fédération anatolienne se veut être la voix de nos concitoyens vivant en Europe. Elle a toujours été aux côtés et à l’avant-garde de la lutte pour les droits démocratiques, sociaux et culturels. Elle a contribué à amplifier la voix des victimes des lois discriminatoires et racistes. A travers la mise sous silence de la Fédération anatolienne, c’est toute une population que les autorités veulent faire taire. Nos trois camarades aujourd’hui arrêtés ont ardemment milité pour faire entendre les sans-voix. C’est manifestement la raison pour laquelle l’Etat allemand tente de les criminaliser sur base de la même rengaine de « l’antiterrorisme » et de lois franchement terroristes.

Les associations qui ont été aujourd’hui saccagées par la police, ont pourtant été créées en vertu de la loi allemande et ont mené une activité tout à fait démocratique. Qui plus est, les camarades arrêtés vivent légalement en Allemagne dans des domiciles connus.

Les mandats de perquisition donnent l’impression que ceux-ci ont été concoctés par les procureurs fascistes de l’Etat turc.

Il est grand temps que l’Etat allemand cesse de réprimer les militants associatifs et de s’ériger en porte-parole de l’Etat turc. Il est temps pour lui de respecter ses propres règles de droit avec équité.

Nous demandons la libération immédiate de Nurhan ERDEM, Cengiz OBAN et Ahmet İSTANBULLU dont l’arrestation ne repose sur aucune base légale.

Quoique nous soyons les cibles actuelles de cette répression, en réalité, ce sont les libertés d’opinion et d’organisation qui sont menacées. Par conséquent, nous attendons de l’opinion publique démocratique qu’elle s’oppose à ces agressions et qu’elle joigne sa voix à la nôtre.

Stop à la répression contre les associations démocratiques.
Stop aux violations de la liberté d’expression et d’association.
Liberté pour nos camarades.

Fédération anatolienne (Anadolu Federasyonu)
Cologne, le 5 novembre 2008

Une nouvelle affaire Engin Ceber ?

Le sang d’Engin n’a pas encore séché que deux militants de gauche, Ileri Kizilatlun (inculpé DHKP-C) et Fehmi Capan (inculpé MLKP) ont été battus par des militaires à la prison smyrniote de Kiriklar.
L’administration Erdogan osera-t-elle encore proclamer la « tolérance zéro pour la torture », un slogan auquel de nombreux démocrates avaient naïvement cru durant la campagne électorale qui s’était soldée par une victoire écrasante du parti de l’actuel premier ministre ?
Nous publions ci-dessous le communiqué de deux ONG turques (IHD et ÇHD) relatif aux supplices que les deux militants ont subis le 3 novembre dernier, durant leur transfert à l’hôpital.


Nouveau cas de tortures et de mauvais traitements dans les prisons

Le 3 novembre 2008, les détenus Ileri Kizilaltun et Fehmi Capan incarcérés à la prison de type F n° 1 de Kiriklar, ont été sauvagement tabassés par les militaires d’abord dans le véhicule pénitentiaire puis en prison.

Le lendemain, des avocats membres de la section d'Izmir de l'Association des juristes progressistes ont rencontré Kizilaltun et Capan et par la même occasion, ont dressé un rapport sur les mauvais traitements qu'ils ont subis.

D’après les récits de Kizilaltun et Capan :

Dans le véhicule les menant à l'hôpital, ils auraient été frappés à la tête par 8 à 10 soldats et deux sergents agissant sous les ordres d’un lieutenant. Les nombreuses traces de coups que les avocats de l'Association des juristes progressistes ont pu observer sur leur visage confirment les témoignages des deux victimes.

Apres les avoir plaqués et battus au sol, les militaires les auraient été traînés hors du véhicule par les pieds, de manière à ce que leur tête cogne les marches métalliques du véhicule.

Les gendarmes les auraient ainsi traîné Kizilaltun et Capan jusqu'au point de fouille et auraient continué à les frapper dans cet endroit, à l’abri de toute camera de surveillance.

Kizilatun et Capan auraient ensuite été traînés jusqu’à l'entrée de la prison puis auraient été jetés devant le portique à rayons X.

Ils auraient eu les mains menottées tout au long de leur calvaire.

Suite aux coups qu’il a reçus, Capan aurait perdu connaissance.

En raison des coups que les militaires leurs auraient porté à la tête :

Le visage d'Ileri Kizilaltun est recouvert d’ecchymoses et la tête, de contusions.

L’œil gauche de Fehmi Capan est gonflé. Les avocats ont constaté des plaies et des points de sutures sur sa tête et son front.

Les avocats ont pu voir tout cela durant leur visite dès le lendemain des faits.

Privés de soins médicaux

Malgré leur état de santé critique, ils auraient été relevés comme un sac de pommes de terre alors qu’ils gisaient devant le portique à rayons X puis pour être emmenés à l’infirmerie.

Malgré le fait que leurs blessures nécessitaient une hospitalisation urgente, il leur a fallu attendre 3 heures avant l’arrivée de l’ambulance.

Aux urgences, ils n’ont été auscultés que superficiellement. La radiographie de leur tête n’aurait pas été effectuée et ils n’ont pas bénéficié de soins médicaux.

Kizilaltun et Capan auraient tenté d'expliquer aux personnes qui les entouraient que malgré les tortures qui ont subies, ils n'ont reçu aucun soin à l'hôpital.

Mais pour les empêcher de parler, on les aurait bâillonné avec une bande adhésive pour colis.

Etant parvenus à s’en débarrasser, on leur aurait ensuite enfoncé un rouleau de gaze dans la bouche.

Après leur hospitalisation formelle, ils auraient été remis en cellule sans faire l’objet d’une enquête judiciaire.


Kizilaltun et Capan doivent-ils se considérer comme des personnes chanceuses pour avoir survécu à leurs mauvais traitements ?

Les prisons restent à ce jour encore une plaie ouverte.

Avant que n’éclate une nouvelle affaire Engin Ceber et que d’autre détenus comme Kizilaltun est Capan ne soient battus, l'opinion publique se doit de se tourner vers les prisons et inciter les autorités à agir de manière responsable.

Nous invitons donc les autorités à prendre les mesures nécessaires afin que Kizilaltun et Capan soient immédiatement soignés et à poursuivre les auteurs de ces actes.


Le 5 novembre 2008

Association des droits de l’homme (IHD)
Section d’Izmir


Association des juristes progressistes (ÇHD)
Section d’Izmir

jeudi 20 novembre 2008

« J’ai tué près de 1.000 personnes »



« Dans la lutte contre le terrorisme, j’ai dû tuer près de 1.000 personnes » a révélé Ayhan Carkin, un membres des équipes d’opérations spéciales (Özel Harekat Timleri) invité aux studios d’« Arena », une émission très populaire présentée par journaliste vedette et très conservateur Ugur Dündar et retransmise le soir du 21 octobre sur Star TV.



Photo: Escadrons de la mort à l'oeuvre durant le massacre de Gazi en mars 1995


Cet aveu vient confirmer ce que l’ex-chef de la contre-guérilla, ex-chef de police, ex-directeur de la Sûreté , ex-gouverneur, ex-ministre de l’intérieur, ex-ministre de la justice et actuel président du Parti de la Juste Voie (DYP, droite) ainsi que baron de la drogue, Mehmet Agar, avait déclaré en mars 2000 dans le cadre d’une enquête parlementaire sur le scandale Susurluk : « Nous avons mené 1.000 opérations pour le compte de l’Etat »…

Nous, familles et sympathisants des victimes de ces nervis, ne sommes que très peu étonnés de ces déclarations.
Gageons toutefois que cette info éclairera ceux qui douteraient encore du caractère terroriste et fasciste d’un Etat qui est à l’image de ses agents sanguinaires sans foi ni loi.

Qui est Ayhan Carkin ?
Ayhan Carkin est né en 1962 à Erzurum. Issu d’une famille pauvre, il aurait abandonné ses études durant le lycée en raison du « terrorisme », selon ses dires. En 1985, il s’inscrit aux « opérations spéciales », une formation donnée par la Direction de la Sûreté générale. Son professeur n’est autre que le lieutenant colonel Korkut Eken, un autre mercenaire plusieurs fois récompensé par l’armée pour ses basses besognes. Les deux hommes seront symboliquement condamnés dans la très sale affaire Susurluk qui révéla les liens entre politiciens, trafiquants d’héroïne, chefs de police et nervis fascistes membres des Loups Gris.
C’est Korkut Eken qui fera de lui une machine à tuer. Carkin est d’abord envoyé dans les provinces kurdes pour éliminer les militants du PKK. Après avoir fait ses armes dans la guerre contre les patriotes kurdes, il est rappelé à Istanbul pour liquider les militants du Devrimci Sol (le mouvement qui en 1994, deviendra le DHKP-C).
Première mission, l’opération de Nisantasi menée le 11 juillet 1991 au cours de laquelle 11 militants du DHKP-C sont exécutés. La Cour européenne des droits de l’homme condamnera la Turquie pour cette opération meurtrière qualifiée d’ « exécution extrajudiciaire ». Dans sa deuxième opération urbaine, menée dans le quartier de Ciftehavuzlar à Istanbul, Carkin assassine le 17 avril 1992 trois figures importantes du DHKP-C dont Sabahat Karataş, l’épouse du secrétaire général du mouvement révolutionnaire[1].


Photo: Eda Yüksel et Sabahat Karataş, deux militantes du DHKP-C exécutées par Ayhan Carkin et ses sbires le 17 avril 1992

Après chaque opération, il est traduit en justice puis acquitté…
Le 13 août 1993, il participe au massacre de Perpa, une opération contre le DHKP-C menée dans un centre commercial stambouliote : 5 morts. Le corps de Selma Citlak, la caissière d’une cafeteria sera retrouvé criblé de 18 cartouches. Après ses exécutions, Ayhan Carkin déposait souvent un revolver au côté de sa victime.
Il exécutera plusieurs dizaines d’autres militants du mouvement : le 14 juillet 1992, Nurten Demir et Ismail Akarçesme à Kasimpasa (Istanbul), le 23 avril 1992, Ibrahim Yalçin à Kartal (Istanbul), le 24 mars 1993, Ibrahim Yalçin Arikan, Avni Turan et Recai Dinçel à Bahçelievler (Istanbul), le 10 avril 1996, Mustafa Bektas et Muharrem Karakus à Göztepe (Istanbul), …
Ayhan Carkin, le « Rambo turc » comme le surnomme la presse, aurait également trempé dans le massacre de Gazi, le 12 mars 1995. Dans ce quartier, des émeutes avaient éclaté après que des escadrons de la mort eurent ouvert le feu sur des établissements fréquentés par la communauté musulmane progressiste alévie abattant un vieillard et un jeune homme et blessant 25 autres. La chasse à l’homme à laquelle se livreront Carkin et ses acolytes dans les jours qui suivirent cette fusillade coûtera la vie à dix-huit personnes.
Mais à chaque fois, grâce à ces nombreuses protections et à la culture de l’impunité entretenue et encouragée par la « justice » turque, Ayhan Carkin ne sera jamais écroué pour ces innombrables crimes abominables.

Justice pour toutes les victimes d’Ayhan Carkin et de ses sbires.

C’est là notre seule exigence.

Tayad Komite
Le 22 octobre 2008


[1] On retrouvera 40 cartouches dans le corps de Sabahat Karataş, 58 dans le corps d'Eda Yüksel et 45 dans le corps de Taşkin Usta

Torture partout, justice nulle part

Photo: Une "Mère Courage" brandissant sa carte d'identité aux policiers qui tentent de disperser une manifestation pacifique organisée par l'association d'entraide avec les familles de prisonniers politiques (TAYAD) à Ankara.


Ci-dessous, un communiqué du Comité international de soutien aux familles des prisonniers politiques (Tayad Komite) qui rend compte de l'état de la santé de la "démocratie turque".

Bruxelles, le 18 octobre 2008

Des cercueils continuent de quitter les prisons de Turquie

Engin Ceber, 29 ans, mort sous la torture
Le 28 septembre dernier, Engin Ceber est arrêté avec 3 autres personnes à Istanbul, alors qu’ils distribuaient la revue « Yürüyüs » (un hebdo de gauche) et manifestaient contre l’impunité dont bénéficiaient des policiers qui un an plus tôt, avaient abattu, Ferhat Gerçek, un autre distributeur de la revue Yürüyüs âgé de 18 ans et désormais paralysé à vie. En garde à vue, Engin Ceber, est sauvagement torturé au commissariat, puis à la prison de Metris où il sera incarcéré.
Le 10 octobre, il succombe à ses blessures. Sa mort démontre que la torture demeure une pratique systématique couverte à tous les échelons de l’Etat. En effet, le médecin qui ausculta Engin au plus fort de ses séances de torture a rédigé un rapport qui concluait que Engin Ceber était en bonne santé... Par ailleurs, le dossier d'instruction concernant la mort d’Engin Ceber est actuellement frappé du secret, ce qui peut entraîner toutes sortes de manipulations de la part du juge d’instruction. Dans l’affaire Ferhat Gerçek par exemple, les enquêteurs ont fait disparaître la principale pièce à conviction, à savoir le T-shirt du jeune militant transpercé par la balle du revolver du policier...
Enfin, le ministre turc de la justice a eu beau s’excuser auprès de la famille d’Engin, la seule mesure qu’il a prise a été le limogeage de quelques matons. Or, en Turquie, les tortionnaires limogés ne sont quasi jamais poursuivis et pire, ils sont promus à des postes plus élevés.

6.000 tortionnaires identifiés, 0 tortionnaire en prison !
Il y a 8 ans, 21 prisons étaient prises d’assaut par l’armée. Le but de cette vaste opération militaire appelée cyniquement «retour à la vie» était de déporter les détenus politiques vers de nouvelles prisons, dites de « type F » au régime carcéral encore plus dur, basé sur un isolement total. Du 19 au 22 décembre 2000, au total 28 détenus seront abattus par les militaires à coups de fusils automatiques, de lance-flammes, de matraques et de gaz toxiques.
Rien qu’à la prison de Canakkale, trois détenus seront massacrés par les militaires. Pourtant, le 16 septembre dernier, la justice turque a acquitté les 563 militaires assassins inculpés dans l’assaut de la prison de Canakkale.
Cette impunité n’est pas un cas isolé : la Fondation turque des droits de l’homme (TIHV) vient d’annoncer qu’en 2006 et 2007, sur les plus de 6.000 policiers et militaires turcs faisant l’objet d’une plainte pour tortures, seuls 223 ont été jugés dont 79 ont été officiellement « condamnés ». Pourtant, aucun de ses 79 agents de l’Etat n’a été incarcéré ! En revanche, rien qu’en 2006, 10.207 personnes ont été condamnées pour «rébellion» contre la police. Ce bilan suffit largement à démontrer le caractère policier de l’Etat turc. Qui plus est, le gouvernement AKP vient d’annoncer qu’il comptait augmenter les compétences de la police (loi 2559). La révision de cette loi en 2007 avait provoqué une augmentation sensible des exécutions extrajudiciaires…

Le ministre turc de la justice trahit sa propre parole !
Le 20 octobre 2000, les prisonniers politiques de Turquie entraient en grève de la faim contre le projet des prisons de type F.
Le 22 janvier 2007, au bout de plus de six années de grève de la faim qui coûteront la à 122 détenus, amis et proches, le ministère turc de la justice publie la circulaire n°45/1 qui autorise les prisonniers à se rencontrer sans condition préalable, par groupe de 10, pendant 10h par semaine. Ce droit de rencontre et de conversation est d’une importance vitale pour des prisonniers soumis à un univers cruel, de solitude et de non-droit. Pourtant, près de deux ans après sa parution, non seulement, cette circulaire n’est toujours pas appliquée mais en plus les mesures disciplinaires arbitraires et les passages à tabac ont sensiblement augmenté depuis. La mort d’Engin Ceber témoigne de ce regain de violence à l’égard des détenus politiques.
La situation dans les prisons de type F est devenue tellement intenable que les prisonniers parlent de reprendre la grève de la faim qu’ils avaient suspendue le 22 janvier 2007. Cette déclaration des détenus nous inquiète au plus haut point car la reprise de leur jeûne risquera d’entraîner de nouveaux décès. Nous ne voulons plus voir ce défilé macabre de cercueils quittant les prisons. C’est pourquoi, en tant qu’amis et parents des détenus politiques de Turquie, nous demandons au ministre turc de la justice de respecter sa parole.

Stop à la torture et à l’impunité !
Respect de la circulaire 45/1 qui prévoit le droit de conversation entre détenus.


Tayad Komite (Comité de soutien aux familles des prisonniers politiques de Turquie)
Pour tout contact: tayadkomite@hotmail.com

Après la chaise roulante de Ferhat, le cercueil d'Engin...

Photo: Engin Ceber, brandissant la photo de Ferhat, quelques minutes avant son arrestation fatale...


Communiqué d'Amnesty International sur la mort d'Engin Ceber des suites de tortures :


Turquie. Un mort à l’issue d’une garde à vue

10 octobre 2008

Amnesty International demande l’ouverture dans les meilleurs délais d’une enquête indépendante et impartiale sur les circonstances de la mort d’Engin Ceber, vingt-neuf ans, décédé ce vendredi 10 octobre des suites des tortures que lui auraient infligées des policiers et des membres du personnel pénitentiaire et de la gendarmerie.
Engin Ceber avait été arrêté le 28 septembre, en même temps que plusieurs autres personnes, alors qu’il manifestait contre l’impunité dont continuent de bénéficier les autorités turques dans l’affaire Ferhat Gercek, abattu il y a un an.

Engin Ceber aurait été déshabillé, frappé à coups de pied et battu de manière répétée avec des matraques en bois pendant sa garde à vue et pendant sa détention provisoire. Selon son avocat, il aurait été transféré dans un hôpital le 7 octobre pour des blessures à la tête. Il est décédé des suites de ses blessures dans l’après-midi du 10 octobre.

« La mort d’Engin Ceber est une nouvelle preuve que les actes de torture et les mauvais traitements sont monnaie courante dans les lieux de détention en Turquie. Les responsables présumés de la mort d’Engin Ceber doivent être traduits en justice, a déclaré Amnesty International ce vendredi 10 octobre.

« Les autorités turques doivent montrer que de tels actes ne resteront pas impunis. »

Deux autres personnes, arrêtées en même temps qu’Engin Ceber et qui auraient également été torturées, sont toujours en détention provisoire à la prison de Metris à Istanbul.

Amnesty International lance un appel en faveur d’une action urgente pour demander aux autorités de veiller à ce que ces deux personnes ne soient pas soumises à des actes de torture et autres mauvais traitements et qu’elles reçoivent les soins médicaux dont elles pourraient avoir besoin.

Militant paralysé à vie


Le drame vécu par Ferhat Gerçek constitue un énième exemple de la cruauté que les élites turques réservent aux opposants de gauche.

Au cours du mois d'octobre, la section belge francophone d'Amnesty International a lancé une campagne de soutien à ce jeune militant victime de la terreur policière en Turquie. Détails dans le site Isavelives.be






Le 7 octobre 2007, des militants – parmi lesquels Ferhat Gerçek – vendaient un magazine (légal) de gauche, lorsqu'ils ont été pris à parti par la police. Au plus fort de l’altercation, la police a ouvert le feu. Ferhat Gerçek, touché au dos, est paralysé à vie.

Selon l’acte d’accusation, les policiers ont agi en état de légitime défense, mais aucun rapport d’expertise n’a été produit pour étayer ce fait.
L'avocat de Ferhat Gerçek déclare que le Procureur n'a pas mené d'enquête criminelle, ce qui serait arrivé lors d'une procédure normale. Une preuve cruciale, le tee-shirt que portait Ferhat Gerçek lorsqu'il a été abattu a été égaré par la police. En outre, plusieurs policiers présents sur les lieux de la fusillade ont participé à l'enquête.
L'acte d'accusation considère autant Ferhat Gerçek que sept policiers comme victimes et comme suspects. S'il est reconnu coupable, Ferhat Gerçek risque 15 ans de prison. Les policiers inculpés le sont en rapport avec l'usage excessif qu'ils ont fait de la force. Des lacunes dans l'enquête laissent craindre que l’auteur du coup de feu sur Ferhat Gerçek pourrait échapper à la justice.
Il y a également des soucis à se faire pour le procès à venir qui devrait débuter le 24 décembre 2008.
Selon l'avocat de Ferhat Gerçek, l'un des témoins de la fusillade est également poursuivi par la justice et risque une peine de prison similaire.
Tout semble fait pour décourager d'autres témoins potentiels à se manifester.
Amnesty a appris que deux personnes qui avaient été témoins de la scène et avaient fourni les premiers soins à Ferhat Gerçek ont également été poursuivies.


Modèle de lettre

Monsieur le Procureur,

Le 7 octobre 2007, Ferhat Gerçek, un militant de gauche, a reçu une balle dans le dos tirée par un policier lors d'une altercation avec la police, le laissant paralysé à vie.

Selon l’acte d’accusation, les policiers ont agi en état de légitime défense, mais aucun rapport d’expertise n’a été produit. Il n'y a pas eu d'enquête criminelle et une preuve cruciale, le tee-shirt que portait Ferhat Gerçek quand il a été touché, a disparu, tandis qu’un témoin oculaire est lui aussi poursuivi par la justice. Le procès devrait s'ouvrir le 24 décembre 2008 et, s'il est reconnu coupable, Ferhat Gerçek risque 15 ans de prison.

En tant que membre/sympathisant(e) d'Amnesty International, j'appelle les autorités turques à assurer à Ferhat Gerçek un procès équitable.

Espérant une réponse favorable à mes requêtes, je vous prie d'agréer, Monsieur le Procureur, l'expression de ma considération distinguée.

Signature :Nom :Adresse :

Lettre à adresser à :

Monsieur le Procureur de Bakirkoy, Rahmi Tan Bakirkoy Cumhuriyet bassavcisi Bakirkoy Adliye Sarayi 34144 Osmaniye Bakirkoy Istanbul Turquie

Copie à envoyer à :

Ambassade de Turquie Rue Montoyer, 4 1000 Bruxelles Fax : 02 514 07 48 E-mail : info@brugge-turkishconsulate.be