mardi 25 novembre 2008

Une nouvelle affaire Engin Ceber ?

Le sang d’Engin n’a pas encore séché que deux militants de gauche, Ileri Kizilatlun (inculpé DHKP-C) et Fehmi Capan (inculpé MLKP) ont été battus par des militaires à la prison smyrniote de Kiriklar.
L’administration Erdogan osera-t-elle encore proclamer la « tolérance zéro pour la torture », un slogan auquel de nombreux démocrates avaient naïvement cru durant la campagne électorale qui s’était soldée par une victoire écrasante du parti de l’actuel premier ministre ?
Nous publions ci-dessous le communiqué de deux ONG turques (IHD et ÇHD) relatif aux supplices que les deux militants ont subis le 3 novembre dernier, durant leur transfert à l’hôpital.


Nouveau cas de tortures et de mauvais traitements dans les prisons

Le 3 novembre 2008, les détenus Ileri Kizilaltun et Fehmi Capan incarcérés à la prison de type F n° 1 de Kiriklar, ont été sauvagement tabassés par les militaires d’abord dans le véhicule pénitentiaire puis en prison.

Le lendemain, des avocats membres de la section d'Izmir de l'Association des juristes progressistes ont rencontré Kizilaltun et Capan et par la même occasion, ont dressé un rapport sur les mauvais traitements qu'ils ont subis.

D’après les récits de Kizilaltun et Capan :

Dans le véhicule les menant à l'hôpital, ils auraient été frappés à la tête par 8 à 10 soldats et deux sergents agissant sous les ordres d’un lieutenant. Les nombreuses traces de coups que les avocats de l'Association des juristes progressistes ont pu observer sur leur visage confirment les témoignages des deux victimes.

Apres les avoir plaqués et battus au sol, les militaires les auraient été traînés hors du véhicule par les pieds, de manière à ce que leur tête cogne les marches métalliques du véhicule.

Les gendarmes les auraient ainsi traîné Kizilaltun et Capan jusqu'au point de fouille et auraient continué à les frapper dans cet endroit, à l’abri de toute camera de surveillance.

Kizilatun et Capan auraient ensuite été traînés jusqu’à l'entrée de la prison puis auraient été jetés devant le portique à rayons X.

Ils auraient eu les mains menottées tout au long de leur calvaire.

Suite aux coups qu’il a reçus, Capan aurait perdu connaissance.

En raison des coups que les militaires leurs auraient porté à la tête :

Le visage d'Ileri Kizilaltun est recouvert d’ecchymoses et la tête, de contusions.

L’œil gauche de Fehmi Capan est gonflé. Les avocats ont constaté des plaies et des points de sutures sur sa tête et son front.

Les avocats ont pu voir tout cela durant leur visite dès le lendemain des faits.

Privés de soins médicaux

Malgré leur état de santé critique, ils auraient été relevés comme un sac de pommes de terre alors qu’ils gisaient devant le portique à rayons X puis pour être emmenés à l’infirmerie.

Malgré le fait que leurs blessures nécessitaient une hospitalisation urgente, il leur a fallu attendre 3 heures avant l’arrivée de l’ambulance.

Aux urgences, ils n’ont été auscultés que superficiellement. La radiographie de leur tête n’aurait pas été effectuée et ils n’ont pas bénéficié de soins médicaux.

Kizilaltun et Capan auraient tenté d'expliquer aux personnes qui les entouraient que malgré les tortures qui ont subies, ils n'ont reçu aucun soin à l'hôpital.

Mais pour les empêcher de parler, on les aurait bâillonné avec une bande adhésive pour colis.

Etant parvenus à s’en débarrasser, on leur aurait ensuite enfoncé un rouleau de gaze dans la bouche.

Après leur hospitalisation formelle, ils auraient été remis en cellule sans faire l’objet d’une enquête judiciaire.


Kizilaltun et Capan doivent-ils se considérer comme des personnes chanceuses pour avoir survécu à leurs mauvais traitements ?

Les prisons restent à ce jour encore une plaie ouverte.

Avant que n’éclate une nouvelle affaire Engin Ceber et que d’autre détenus comme Kizilaltun est Capan ne soient battus, l'opinion publique se doit de se tourner vers les prisons et inciter les autorités à agir de manière responsable.

Nous invitons donc les autorités à prendre les mesures nécessaires afin que Kizilaltun et Capan soient immédiatement soignés et à poursuivre les auteurs de ces actes.


Le 5 novembre 2008

Association des droits de l’homme (IHD)
Section d’Izmir


Association des juristes progressistes (ÇHD)
Section d’Izmir

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