vendredi 18 avril 2008

Avni Er ne sera pas extradé vers la Turquie

Le 10 janvier dernier, une démonstration de soutien à Avni Er s'est tenue devant le Tribunal d'appel de Sassari (Sardaigne) contre sa possible extradition vers la Turquie. Avni Er et Zeynep Kılıç demeurent les seuls militants incarcérés à ce jour pour "terrorisme" suite à l'opération internationale du 1er avril 2004 [voir le topic consacré].

Plusieurs représentants d'associations de gauche sont venus le soutenir comme l'ASP ["Association de Solidarité Prolétaire"], les CARC ["Comités d'Appui à la Résistance pour le Communisme"], a Manca pro s'Indipendentzia [litt. "à Gauche pour l'Indépendance" ; une association indépendantiste sarde de gauche] et d'autres encore. La plupart ont eu l'occasion de redécorer la facade avant du tribunal durant l'évènement.


Sur le fond du dossier, le Parquet rejetait lui-même la demande d'extradition formulée par la Turquie en rejoignant le principal argument de la défense, à savoir le principe du non bis in idem. En effet, Avni Er a déjà été condamné à deux reprises comme "dirigeant d'une organisation terroriste" : une fois en première instance et une autre fois en appel. Or, la Turquie réclamait précisément son extradition pour le juger selon cette inculpation. Pour rappel, lui et sa compagne ne faisaient rien d'autre que gérer un site internet à Pérouse. Cette gestion de site et quelques coups de fil constituent la "preuve" de l'appartenance pour la Justice italienne.

Selon Flavio Rossi Albertini, l'avocat d'Avni, la Turquie n'était par représentée durant l'audience interdite au public et l'argumentation présentée relevait plus de quelque chose comme "nous voulions le juger avant vous, donc donnez-le nous", très loin des principes de base de la Justice. Il faut dire que l'État turc traque un grand nombre de ses contestataires hors frontières et qu'il n'est pas très regardant sur la forme, c'est le moins que l'on puisse dire.

La Cour n'a rendu sa décision que 5 jours plus tard, ce mercredi-ci. Elle y a invalidé assez logiquement la requête d'extradition grotesque formulée par la Turquie. Ainsi donc, pour l'heure, Avni ne risque pas de se retrouver dans les geôles turques et de connaître l'isolement carcéral réservé aux prisonniers politiques, ce qui en soi est déjà une belle bataille de gagnée.


1/2KL

0 commentaires: