samedi 22 mars 2008

Les lendemains terribles du Newroz

D'après les images diffusées hier de partout par RojTV, le Newroz 2008 semble avoir connu un succès historique. Des visages à perte de vue dans les rues, des centaines de milliers de personnes dans toutes les villes du Kurdistan, et bien sûr là où l'immigration kurde est la plus importante.
Exceptionnellement, tous les élus DTP ont tenu des discours entièrement en kurmancî et se sont parés des vêtements traditionnels kurdes. Ils ont commenté à plusieurs reprises l'évènement par radio-conférence sur la chaîne en s'exposant ainsi à une floppée de nouvelles poursuites dont on devrait découvrir les formulations d'ici peu. Pour ce jour très spécial, ils ont donné en tous cas une belle leçon de désobéissance civile dont nous avions perdu l'habitude ces derniers temps. Finis les compromis stériles et les serrages de main fumeux avec les élus fascisants du MHP, l'heure était à l'affirmation pleine et entière de l'identité kurde.

Cependant, la fête a été formellement interdite à Van et à Hakkari, la ville qui ressent le plus lourdement les effets de la présence militaire turque. Le maire/bourgmestre de la ville affirmait hier sur RojTV "nous verrons bien si demain la fête sera interdite". Entre-temps, la situation a vite dégénéré dans la violence. Elle semble avoir été encore pire dans la ville de Van où la presse rapporte des images de quasi affrontements urbains. De sinistre tradition, le Newroz a toujours été accompagné de son lot de répression et de violences policières. Cette année n'aura pas fait exception.

Scène de carnage à Van après les charges de la
police turque (photo publiée sur le site de Hürriyet)

Hürriyet a diffusé sans trop de complexe cette video (ci-dessous sans le son) où l'on voit la police turque charger les personnes prenant part au Newroz de Van, femmes comprises. Le journal indique laconiquement que "la police est intervenue contre la démonstration non-autorisée que l'antenne provinciale du DTP a organisée en usant de l'excuse de la fête du Newroz" (sic).




Toutefois, l'impression générale qui ressort de la fête confirme que cette volonté de construire partout en Anatolie des "citoyens Turcs" solidaires de l'État relève de la plus pure vue de l'esprit à des centaines d'années lumière de la réalité. Il paraît plutôt évident qu'au Kurdistan, l'utopie assimilatrice turque est vouée tôt ou tard à l'échec.

1/2KL

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