mercredi 24 octobre 2007

Les S.A. de Samsun ou la bande à Serdar

Le 20 octobre 2007, six membres de manifestants du Front pour les droits et les libertés (HÖC) à Samsun déploient un calicot dénonçant la police stambouliote pour avoir tiré dans le dos de Ferhat Gerçek, un distributeur de la revue socialiste « Yürüyüş » à peine âgé de 16 ans. Cette action de protestation des plus anodines est retransmise en direct (!) par le Canal S, la chaîne de télé locale.

Trois brutes des « Sturmabteilung » (SA) locaux passant par là « par hasard », agressent les six manifestants avec des coups de poing américains. Parmi les agresseurs, on reconnaît un certain Mahmut, le directeur publicitaire de la chaîne de télé Canal S.

Dans cette agression, les six manifestants dont une femme sont blessés et hospitalisés. L’un des manifestants, Yusuf Dilber a la pommette gauche fracturée en trois endroits.

Les victimes reconnaissent une autre figure « familière » parmi les fascistes, un certain Serdar qui travaille à la bibliothèque centrale de l’université du 19 mai (OMÜ) de Samsun. Dans ce même campus, il avait auparavant poignardé quatre membres des Maisons du peuple (Halkevi). L’un des agressés est même entré dans le coma.

Le 23 octobre à 17h, le représentant du Front pour les droits et les libertés (HÖC) Hasan Togan et un membre de l’association pour les droits et les libertés fondamentaux dénommé Fatih Yavuz sont agressés par une bande de « Loups Gris » alors qu’ils étaient paisiblement assis à la terrasse d’un café. Attaqués à coups de chaises, Hasan Togan et Fatih Yavuz sont blessés à la tête et aux épaules. Parmi les agresseurs, qui reconnaît-on ? Le même Serdar qui a auparavant poignardé quatre étudiants et achevé six manifestants à coups de poing américain. Entre-temps, que fait la police ? Elle mène des descentes dans toutes les associations pour les droits et les libertés (Temel Haklar ve Özgürlükler Dernekleri) du pays pour saisir les copies des « projets de Constitution populaire ». Serdar et ses sbires peuvent ainsi continuer en toute impunité à casser du gauchiste avec la bénédiction de la police.

Toujours à Samsun, un assistant démocrate de la faculté de médecine de l’université OMÜ (où précisément travaille Serdar le fasciste) a découvert ce matin un tract sur son bureau portant l’emblème des Loups Gris. Voici ce qui y est écrit :

« Nous ne serons pas de ceux qui fuient,
Nous ne serons pas de ceux qui trahissent
Nous ne serons pas de ceux qui détruisent
Nous ne serons pas de ceux qui capitulent
(jeu de mot avec le mot « serpent »)
Nous ne cèderons pas
Nous ne nous abattrons pas
Nous avons réussi et nous réussirons
S’il le faut, nous rendrons l’âme
S’il le faut, nous ôterons des âmes
(une façon de dire « nous tuerons »)



Encouragée par les déclarations belliqueuses du gouvernement AKP à l’encontre de la rébellion kurde et par la terreur policière, l’extrême droite turque s’est jurée d’en « finir » avec les « derniers nids du communisme » dans la Mer Noire. Actuellement, cette terreur fasciste gagne tout le pays et tous les milieux d’opposition, principalement kurdes et turcs.

Contrairement à ce que prétendent l’état-major de l’armée turque et les médias et comme le montrent les agressions survenues ces derniers jours à Samsun et entre autres, l’assassinat du journaliste arménien Hrant Dink en janvier dernier (par un tueur originaire de la Mer Noire ), cette terreur fasciste n’est pas le produit d’un mouvement spontané de la population mais bien d’une stratégie minutieusement préparée dans les coulisses du pouvoir.

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