lundi 29 octobre 2007

La Che Guevara Kurde

Bêrîtan, alias Gülnaz Karataş (de son nom turc imposé par l'État), est devenue une véritable légende chez les Kurdes.
Originaire du Dersim, comme beaucoup d'autres militants, elle se politise sur le campus de l'université, à İstanbul. La terrible répression culmine alors contre les Kurdes. À la fin des années 80, elle rejoint la guérilla du PKK n'ayant pas encore atteint l'âge de 20 ans. En 1992, son groupe se retrouve encerclé par le PDK, allié momentané de l'État turc. Blessée et à cours de munitions, plutôt que de tomber entre les mains des hommes de Barzanî, elle préfère se jetter dans le vide du haut des rochers devenant ainsi une sorte d'icône de la résistance.
On oublie souvent que les effroyables mangeurs d'enfants du PKK qui terrorisent tant l'État-major turc ne constituent en fait qu'une poignée de rebelles réfugiés dans les montagnes dont plus de la moitié d'entre eux sont des jeunes femmes qui n'ont pas 25 ans.

Plus que jamais, la Turquie use de l'argument d'autorité : le PKK est une organisation terroriste parce qu' inscrite sur une liste qu'elle a elle-même aidé à rédiger ; les fameuses blacklists de l'UE et du département d'État états-unien. Usant ainsi de la stratégie du miroir, la cause des ignominies qui surviennent au Kurdistan est focalisée sur ce seul groupe de rebelles. Remettre en question l'état des choses n'est pas sans risque. Que l'on pense à Orhan Pamuk pour ne citer que lui.

La diplomatie mussolinienne que la Turquie promène en ce moment semble bien décidée à replonger la région dans le sang et la douleur comme elle l'a toujours fait. On est à des années lumières d'une résolution à l'irlandaise ou de négociations à la basque.

Pour en revenir à Bêrîtan, tout récemment, le groupe kurde Sipan Xelat lui a consacré une chanson dont voici le clip musical :




On y aperçoit des coupures de la presse européenne de l'époque qui rappelle la légende qu'elle est devenue et les petites filles appelées Bêrîtan en nombre par la suite.

Vu que presque la moitié de la chanson est composée du prénom, qu'il n'y a que des phrases nominales quasi et que c'est bientôt la Saint-Nicolas, j'ai décidé de fournir une traduction. De toutes façons, elle est à prendre comme toujours avec des pincettes mais ici bien plus que d'habitude. Je ne prétends pas avoir de connaissances en kurmancî (!) mais bon, c'est une langue cousine, "tu" = "tu", c'est déjà ça... Méthode Coué en somme...

Bêrîtan

Tu di roja rojhilat î Bêrîtan Bêrîtan
Tu aşîtî û xebat î Bêrîtan Bêrîtan

Tu cengawera welat î Bêrîtan Bêrîtan…

Tu di roja rojava yî Bêrîtan Bêrîtan
Silav ji bona gela yî Bêrîtan Bêrîtan

Tu cengawera Kurda yî Bêrîtan Bêrîtan…

Tu sor gula Kurdistanê Bêrîtan Bêrîtan
Rêberê keçê cîhanê Bêrîtan Bêrîtan

Te gel rakir serhildanê Bêrîtan Bêrîtan…



Bêrîtan

Tu es dans le soleil de l’Est, Bêrîtan, Bêrîtan
Tu es la paix et la lutte, Bêrîtan, Bêrîtan

Tu es l’héroïne du pays, Bêrîtan, Bêrîtan,…

Tu es dans le soleil d’Orient, Bêrîtan, Bêrîtan
Tu es le salut pour le peuple, Bêrîtan, Bêrîtan

Tu es l’héroïne des Kurdes, Bêrîtan, Bêrîtan…

Toi, rose rouge du Kurdistan, Bêrîtan, Bêrîtan
Guide des filles du monde, Bêrîtan, Bêrîtan

Ton peuple a soulevé la révolte, Bêrîtan, Bêrîtan...

Sipan Xelat - Bêrîtan
Album : Siya Min
[traduction indicative]


1/2KL

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