jeudi 18 octobre 2007

Après l'écrit, l'oral...

Les choses continuent à bouger pour Avni Er et Zeynep Kılıç, les deux militants turcs incarcérés en Italie pour “appartenance à une organisation terroriste”. Cette fois-ci, ce sont deux sénateurs de Rifondazione Comunista qui ont déposé une interrogation à réponse orale (dont voici la traduction) à la fois au Premier ministre et au ministre de la Justice. Par ailleurs, l'exécutif de la GUE/NGL pourrait aussi prendre position au niveau européen.

Ces deux sénateurs sont Fosco Giannini et Haidi Giuliani, la mère de Carlo Giuliani, un étudiant qui a été tué lors des manifestations anti-G8 à Gênes en 2001. Leur intervention avait été déjà annoncée dans le quotidien de gauche Il manifesto par la journaliste Orsola Casagrande qui était revenu sur les grandes lignes de cette affaire (traduction).

On pourrait croire que les interventions de ces députés ravivent l'espoir d'un dénouement heureux parce qu'ils proviennent d'un parti présent dans l'Unione, une coalition de centre-gauche actuellement au pouvoir. Pourtant, rien n'est moins sûr.

Les communistes italiens, qui portent en avant la cause d'Avni et de Zeynep, ont été débouté de quasi tous leurs combats centraux de la part de leurs partenaires politiques : le départ des troupes italiennes d'Afghanistan, la non-extension d'une base états-unienne à Vicenza, la question sensible des pensions et bien d'autres dossiers. À tel point qu'aujourd'hui des voix s'élèvent pour demander le retrait de Rifondazione Comunista de la majorité malgré le risque inévitable de ramener l'équipe Berlusconi. En gros l'argument qui prédomine est celui-là : pourquoi craindre le retour de la droite si un gouvernement "de gauche" mène déjà une politique de droite ?

Dans des telles conditions, peut-on s'attendre à "un geste" de la part de Clemente Mastella, le ministre italien de la Justice qui, lui, appartient à un parti des plus centristes ? Encore une fois, l'évolution de la situation est des plus ouvertes. En revanche, les arguments présentés sont tous en béton armé.

Ainsi, parmi ceux avancés : le fait que même en Turquie, l'acquittement a été prononcé (et pour cause, les policiers turcs avaient construit de fausses preuves) et le fait aussi que les autres personnes concernées ailleurs en Europe par l'opération du 1er avril 2004 n'ont pas été poursuives même s'il s'agissait de "dirigeants" selon les enquêteurs italiens.

Il faut toutefois préciser qu'en Belgique, même si la fameuse opération du 1er avril n'a pas entraîné directement des poursuites - et en ce sens l'intervention parlementaire est tout à fait correcte - le procureur fédéral n'a pas hésité à se baser sur des éléments issus de ces perquisitions pour construire un nouveau dossier à charge. La photo prise au Liban avec Bahar Kimyongür et le RPG en étant le meilleur exemple. Pour rappel, le procès en cours à Anvers, une affaire désormais vieille de 8 ans, ne concernait à la base que quelques personnes pour des faits relevant du droit pénal "classique".

Les Italiens progressistes ont souvent tendance à considérer "les pays du nord" comme des pays de cocagne en ce qui concerne l'observation scrupuleuse des droits de l'homme... hummm, no comment...

Ceci dit, last but not least, les innombrables tortures avérées en Turquie, y compris sur les acquittés du procès qui s'y est déroulé, sont à nouveau sur la sellette. Les sénateurs demandent donc que les textes qui prévoient que l'on ne doit pas extrader quelqu'un lorsqu'il y a de fortes chances qu'il subisse de la torture et des mauvais traitements soient tout simplement appliqués.

La véritable question est donc de savoir ce que cela pèsera face aux juteux contrats commerciaux qui existent entre l'Italie et la Turquie...

1/2KL

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