vendredi 14 septembre 2007

Procès du DHKC : recommencement du début initial de la suite

Gong! C'est reparti pour un tour. L'audience préliminaire annonçant la réouverture du procès du DHKC cassé en avril dernier a eu lieu hier.


Cette première audience qui n'en était pas vraiment une a aussi été marquée par la reprise de la campagne de la peur. Le plus gros fut quand même l'alerte à la bombe lancée contre les tribunaux d'Anvers et tombée "par le plus grand des hasards" le jour d'avant. Il va de soi que même le plus fou des militants accusés de terrorisme ne s'aventurerait par dans une "blague" de ce genre, à la veille de son procès.

Les médias turcs pro-gouvernementaux installés en Belgique se délectent de l'information comme BelTürk (voir la traduction) qui ne se prive pas d'indiquer que "les mesures de sécurité étendue prises continueront encore durant le procès de l’organisation terroriste DHKP-C et de ses membres". L'utilité de cette alerte à la bombe semble toute désignée...
Les autres médias belges ont saisi aussi l'opportunisme de la "coincidence". La palme de la désinformation revient toutefois à RTL qui indique que le DHKP-C est un mouvement d'extrême-droite. Hum... Hum... No comment.

Concernant les petites nouveautés, le procureur Delmulle croit enfin détenir la preuve ultime que Bahar Kimyongür est bel et bien un terroriste. Après l'émission de la RTBF dans lequel il disait "nous" en parlant des militants du mouvement turc, après la traduction/diffusion/narration d'un communiqué du DHKC qui faisaient de lui un Ben Laden maintenant, c'est une photo prise au Liban où Bahar Kimyongür tient un antique RPG. Mais le Liban, ce n'est pas la Belgique, trouver des vieux arsenaux y est chose aisée dans les mouvements militants étant donné le passé du pays. Quand on connaît l'habilité de certains marchands de peur à sortir les choses de leur contexte, cette photo est évidemment mal venue. Même si à ce moment-là, on ne pouvait savoir que des François-Xavier de Donnea ou des Delmulle allaient mettre en branle les nouvelles lois antiterroristes. Toujours est-il qu'un communiqué de presse a été émis pour recontextualiser ce qui s'avérait nécessaire.


En tous cas, nous avons eu encore une belle démonstration des rapports intimes qu'entretient le procureur Delmulle et les médias flamands. On se rappelle de l'annonce de la date du procès dans De Standaard bien avant que les intéressés eux-mêmes ne la connaissent. Ici, c'est la seconde fois qu'ils mettent la main sur une pièce du dossier, à savoir une autre photo. Le reportage de la VRT du 13 septembre :



Des supporters de l'organisation turque d'extrême gauche DHKP/C se sont rejoints à la Cour d'Appel d'Anvers pour soutenir les accusés. Fehriye Erdal demeure aux abonnés absents. Toutefois, l'homme qui l’a aidée à s'enfuir y était :
Musa Aşoğlu : “Je ne sais pas où se trouve Fehriye Erdal en ce moment”
Le Ministère public parle du DHKP/C comme d’une organisation terroriste qui veut renverser l'État turc, ce que doit aussi confirmer cette photo du chef du DHKP/C en Belgique avec un bazooka. En ce qui concerne le procès, aujourd'hui, seul l’agenda pour les prochaines séances a été déterminé. Une affaire difficile où les faits sont déjà vieux de 8 ans :
Maître Paul Bekaert : “Selon nous, la période de temps raisonnable dans laquelle une affaire doit être traitée et la date ont été dépassées depuis longtemps. Il y a eu bien sûr tellement d'évènements dans cette affaire comme vous le savez”
L'évènement le plus marquant a certainement été la disparition mystérieuse d'Erdal. Elle a su déjouer la Sûreté de l'État juste avant d’être condamnée à 4 ans de prison à Bruges.


Encore une fois, pas de faits matériels, pas de projets déjoués, rien de concret, tout cela n'est pas nécessaire. Par exemple, celui qui a un jour posé à côté d'un arsenal, d'une arme devient de facto un terroriste, indépendamment du contexte et doit être châtié par l'isolement et de longues années de prison. C'est l'essence même de la méthode Delmulle.

Sur la mise en scène maintenant : à l'instar de ce que nous avions déjà pu observer aux procès précédents, les agents de la Sûreté de l'État sont restés aux aguets, épiant, prenant des photos et téléphonant jusqu'à ce que la dernière des personnes présentes sur place soit partie.

Autre élément : toutes les personnes venues assister au procès ont du confier leur document d'identité à l'entrée. Pour ceux qui sont arrivés un peu en retard, cette "formalité" n'a subitement plus été nécessaire. A la fin de l'audience, les mêmes agents sont repartis avec une imprimante, un scanner et une caisse en carton...

Le fichage ciblé, la surveillance et la fouille systématique, les périmètres de sécurité aléatoires et sans finalité, l'alerte à la bombe "mystérieuse" de la veille, tout ceci participe bien entendu à créer un climat de suspicion, une ambiance sécuritaire et in fine la peur dont les médias se font les meilleurs relais dans l'opinion publique. De ce point de vue, le ton du procès d'Anvers ne se différencie en rien de ce qui s'était passé à Bruges, à Gand ou à Bruxelles lors de la Cassation.

1/2KL

3 commentaires:

Hanoi Hannah a dit…

C'est dommage qu'un site d'info d'une telle qualité soit si peu connu. Attelons-nous à en faire un source de référence. Bon travail la rédaction.

Sebiusz a dit…

Dis-moi, tu les embetes pas a prendre des photos de leur tronche de flic et les afficher sur ton blog?
;)

En Pologne, ils auraient des equipements de guerre chimique et tout. La guerre des etoiles n'est pas si loin...

1/2KL a dit…

1) On va tâcher de continuer, pas trop le choix, il faut faire passer de l'info en ces temps sécuritaires.

2) Salut Sebahat, content de te voir sur le blog ;-)
Ben, je ne sais pas si le monsieur est policier (ou plutôt de la Sûreté), ce n'est pas marqué sur son front. Disons qu'il était malencontreusement dans le champ de la photo avec l'arbre et la banderole décorative.